LET'S TALK / Confidence #1 Tout est une question de point de vue

Il y a quelques semaines, avec l'annonce de ce troisième confinement, un élément qui devait commencer dans ma vie au mois d'Avril à été retardé de 1 mois. Dans un premier temps, j'ai mesurée la chance que j'avais qu'il soit juste "retardé"/"reporté" et non pas tout simplement "annulé" comme pour beaucoup de monde. Et puis j'ai quand même paniqué. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai réalisé que dans 1 mois, nous allions être au mois de Mai. Et lui et moi, ça fait quelques années que nous ne sommes plus très copains.

C'est quelque peu énervant puisque le mois de Mai est un mois que en réalité, j'adore ! Le printemps est à son apogée, l'été arrive à grands pas, le soleil n'est pas trop brutal, le vent est doux, la lumière dans mon appartement revient et il y a des fleurs et des abeilles partout (oui j'adore les abeilles). J'aime vraiment beaucoup l'ambiance qui se dégage de ce mois, comme si tout était une petite renaissance.

Et en même temps, c'est le mois où ma vie se casse la gueule de manière spectaculaire. Et ça me panique. Pour vous donner des petits exemple, il y a quelques années, c'était un stage à Paris duquel j'ai du partir en catastrophe à cause d'un patron harceleur et mauvais au possible, après 1 mois et demi chez eux sans jamais avoir été payée pour mon premier mois (je faisais un stage rémunéré de plusieurs mois) ; l'année d'après ça a été le grand plongeon dans une des parties les plus noires de mon existence ; l'année suivante une rupture compliquée d'une relation abusive, etc, etc, etc. Pas forcément des moments supers cools à vivre et qui se sont tous déroulés *roulement de tambour* au mois de Mai !

Alors oui, quand le mois de Mai arrive, je m'accroche bien fort à tous les piliers que j'ai dans ma vie, surveillant scrupuleusement qu'aucun d'entre eux ne se fissure ou se brise : j'ai mis bien trop de temps et d'énergie à les construire pierre par pierre et ça me ferait vraiiiiiiment chier que tout se casse la gueule !

Tu dois maintenant te demander pourquoi je te raconte tout ça et où je veux en venir non ? Tu vas vite comprendre, ne t'en fais pas !

Avant hier soir, lors d'une session de rumination intense que mon cerveau s'autorise entre 1h et 3h du matin (merci mon pote), j'ai commencé à paniquer en me rendant compte que le mois de Mai allait bientôt arriver : si chaque année, tout se casse la gueule, pourquoi pas cette année aussi ? Et si toutes les décisions que j'ai prises étaient mauvaises ? Et si on m'enlevait des choses auxquelles je tiens et pour lesquelles je me suis beaucoup investie ? Bref, tu l'auras compris : c'était le défilé des "et si ?" avec une crise d'anxiété qui pointait le bout de son nez à l'horizon et tout cela, en plein milieu de la nuit (sinon c'est pas drôle).

Puis, d'un seul coup, j'ai décidé que je ne pouvais pas me laisser noyer comme ça par mes émotions négatives alors j'ai pensé à la personne qui m'a énormément aidé : la psy qui m'a suivie pendant 1 an. Et j'ai décidé de faire ce que j'appelle une "séance fictive" : je me suis assise dans mon lit, je me suis imaginée à son bureau, assise en face d'elle, j'ai visualisé son visage et entendu résonner dans mon esprit la question qu'elle me posait toujours "Alors, comment ça va en ce moment ?" et j'ai commencé à parler comme j'avais l'habitude de le faire avec elle, pour vider mon sac et analyser chaque élément qui me perturbe.

À mon grand étonnement, au moment de lui parler de ma peur de ce mois de Mai, j'ai réalisé une chose : tous les évènements négatifs qui se sont produits lors de ce mois fatidique ont été, en réalité, extrêmement bénéfiques pour la suite. Car finalement, chacun d'entre eux m'ont conduit vers de meilleurs moments de vie et m'ont apporté des leçons que je n'oublierai jamais.

La fin de mon stage abusif m'a certes énormément choquée et paniquée sur le coup mais j'ai pu en trouver un meilleur, dans une ambiance saine chez un costumière talentueuse qui m'a énormément appris et donné confiance en moi. Ça m'a aussi fait comprendre que personne n'avait le droit de mal me traiter sous prétexte que je travaille pour lui : il y a un contrat ainsi qu'un code du travail à respecter par les deux parties et un minimum de respect à avoir envers ses employés ET ses stagiaires, surtout quand ceux-ci donnent le meilleur de soit et sont eux-même très respectueux.

Le grand plongeon dans la période la plus sombre de ma vie AKA ma dépression m'a fait réaliser que j'avais refoulé beaucoup de traumatismes de mon passé sous prétexte que je me devais d'être "forte" et avancer coûte que coûte. Mais que tout ça, ça finissait par nous rattraper et enclencher chez nous de mauvais mécanismes. Ça m'a fait comprendre que, finalement, je me devais d'être plus douce et aimante envers moi-même. Et pour cela, je devais saisir le traumatisme à la source pour ne plus reproduire les mêmes schémas destructeurs dans ma vie. Ça m'a aussi aidé à me foutre un gros coup de pied aux fesses et de me bouger : j'ai commencé véritablement mon indépendance en trouvant un taff à 50km de chez ma mère et je suis en colocation avec mon meilleur ami et mon petit chat, qui m'apportent chacun, beaucoup de joie (N.B : j'ai réussi à faire tout cela grâce à une aide psy et médicamenteuse, autrement je n'aurais jamais pu, la dépression est une vraie maladie et chacun avance à son rythme lors du processus de guérison).

La fin de ma relation toxique m'a, sur le coup, fait beaucoup de mal et j'ai été triste pendant longtemps (je le suis encore aujourd'hui à vrai dire) mais finalement, je suis bien contente de ne plus en être "prisonnière" et de m'être libérée de cette emprise destructrice (attention, je parle ici de la relation, pas de la personne). Ça m'a fait réalisé que j'avais le droit de dire "non". Que j'avais le droit d'avoir des exigences au niveau de mes relations, qu'elles soient familiales, amicales, amoureuses et que j'avais le droit d'y mettre un terme surtout quand ça me provoquait plus d'émotions négatives que positives.

Entre autres, tous ces évènement négatifs m'ont appris une seule chose : le respect et la bienveillance envers moi-même.

Alors oui, c'est tout de même drôle de constater que chaque grand évènement négatif dans ma vie se déroule au mois de Mai qui est pour moi, comme dis plus haut, le mois de la renaissance. Comme si la vie m'envoyait des petites tapes sur la tête pour me dire "Arrêtes, tu mérites mieux" à cette période symbolique.

Poser un regard différent sur ces évènements et sur le mois de Mai n'efface pas toutes mes peurs mais ça m'aide à relativiser et à me dire que la fatalité, ça n'existe que dans nos têtes. Ça m'aide à me sentir mieux et ça me rassure : tous ces mauvais évènements, tous ces moments de vie un peu moches qui ont causés de la peine chez moi m'ont aussi amenés à vivre de jolies et belles choses par la suite. Et peut-être que ce mois-ci, rien d'effrayant ne va se produire.

Bien sûr, je ne dis pas d'être toujours positif : il faut savoir embrasser ses émotions positives comme négatives car c'est ce qui donne de la légitimité à ce que l'on vit et ce qui nous aide à mieux rebondir : en acceptant ses émotions et en les comprenant, on arrive à mieux se connaitre et à faire le nécessaire pour être serein.

Mais changer son point de vue sur des évènements qui nous on fait du mal, réussir à regarder le "après" et constater toutes les belles choses qu'on a finit par récolter, c'est ce qui me donne de la force pour avancer. Constater que tout n'est pas foncièrement mauvais, ça me fait du bien et m'enthousiasme un peu plus pour mon avenir. Ça me permet d'être un peu plus gentille avec moi-même.

Et c'est ça que j'ai envie de retenir, j'ai envie de m'accorder un peu de paix.

(Mais souhaite moi bonne chance pour le mois de Mai quand même, we never know).

Prend soin de toi !

Nina