ART & DESIGN / "Meet the artist" #1 Maÿllis !

Article écrit en mai 2018, MAJ juin 2018

Les images animées ou fixes présentent dans cet article sont la propriété unique de Maÿllis. Elles sont protégées par la propriété littéraire et artistique (droit d'auteur). Merci de votre respect !

Lectrice, lecteur, bienvenu à toi.

Je suis contente de t'accueillir de nouveau chez The Nasty Flower pour de nouvelles aventures (après tant de temps loin l'un de l'autre). D'autant plus que cette nouvelle aventure elle est trop bien.

Aujourd'hui, nous commençons une nouvelle série d'articles que j'avais envie de faire depuis LONGTEMPS BORDEL.

Ces nouveaux types d'articles, intitulés donc "MEET THE ARTIST" (ouais comme dans le titre) sont des interviews - un peu basé sur le même principes que les "MODE INTERVIEW"- qui nous font partir à la rencontre d'artistes de tous genres, tous horizons afin de comprendre un peu mieux que non, aujourd'hui, l'art n'est pas un plan B (coucou Christine Angot, ça va ?) !

DONC. Pour inaugurer cette nouvelle série d'interviews qui me font clairement frissonner de joie, j'ai le plaisir de vous présenter Maÿllis ! Et mon plaisir est d'autant plus grand que Maÿllis est absolument incroyable et je suis heureuse, HEUREUSE, qu'elle ait acceptée de se prêter au jeu ! C'est en ayant un coup de cœur pour son Illustration d'Eros (ci-joint) que j'ai voulu commencer ces interviews avec elle.

Avant de commencer, une petite précision : pour des raisons d'emplois du temps réciproques (et ouais les artistes ont des emplois du temps de ministres, que voulez-vous) cette interview s'est déroulée non pas de vive voix mais par écrit ! Néanmoins, pas d'soucis à se faire, nous avons géré la situation comme des reines !

L'ARTISTE

The Nasty Flower : Hello Maÿllis, peux-tu te présenter à nos chers lecteurs ?

Maÿllis : Bonjour ! Alors je m'appelle Maÿllis, je finis actuellement mes études de jeu vidéo, après un BTS Design Graphique option communication et média numérique, pour être précise ! J'ai 20 ans et j'en aurais 21 à la fin de l'année.

TNF : Qu’est-ce qui t’as poussé à faire ce que tu fais aujourd’hui ? As tu cette envie depuis toujours ouest-ce que ça a été un déclic récent ou bien une évolution ?

M : La question c'est déjà qu'est ce que je fais aujourd'hui *petit rire*.

Je fais plein de choses, j'illustre sur papier, sur ordinateur, je fais du jeu vidéo, des animations, beaucoup de choses ! En ce moment c'est vraiment l'animation et la réalisation de manière générale qui m'attire. J'ai longtemps hésité entre l'illustration et l'animation comme domaine de prédilection pour mon avenir. Finalement ces derniers temps, je me rends compte que ce n'est absolument pas incompatible ! La preuve c'est que je fais actuellement une série d'illustrations ainsi que des commandes et une animation personnelle. J'aime bien toucher à tout, mais ce que j'aime le plus c'est raconter et faire ressentir des choses, même si on ne comprend pas forcément quoi. Au final l'animation me semble être ce qui me plaira le plus. Le jeu vidéo, j'aime bien, mais l'ambiance générale du milieu, bien que sympathique, ne me correspond pas totalement. On n'attend pas la même chose d'un jeu vidéo que d'une métrage. Mais après, c'est un autre débat haha !

TNF : Quel a été ton parcours jusqu'ici ?

M : Comme dit plus haut, j'ai fait un BTS Design graphique option communication et médias numériques. Je finis une Licence professionnelle des métiers du jeu vidéo, et je rentre très prochainement en stage dans un studio d'animation. J'ai également fait un bac Arts Appliqués.

TNF : Tu fais des études en conséquence, donc j’imagine que tu veux faire de ton "don", de ton trait de crayon, l’instrument de ton futur métier : quel métier veux-tu faire exactement ?

M : Aaargh ! Les artistes n'ont pas de dons, c'est que du boulot et de la motivation ! Peut-être qu'il ou elle a plusde facilités au début mais quelqu'un qui travaille son trait et dessine régulièrement sera 1000 fois meilleur que quelqu'un qui sait parfaitement dessiner des bonhommes bâtons petit mais qui ne dessine jamais. Bref le "don" ça se gagne, c'est clairement pas inné et heureusement. Chacun.e peut apprendre à faire ce qu'iel aime.

J'en profite pour rebondir sur ce qu'à dit Maÿllis. Choisir le mot "don" était plus une manière de parler, de m'exprimer car je respecte beaucoup son travail et l'évolution qu'il a depuis plusieurs années, c'était plus dans un sens d'admiration qu'autre chose. Néanmoins, elle a tout à fait raison sur le travail qui est derrière ce don. Il faut travailler et entretenir son trait de crayon, en perfectionnant votre œil et sa coordination avec votre main tout en trouvant votre style. Les artistes travaillent pour arriver là où ils en sont !

M (suite) : Pour ce qui est de mon futur métier, je pense que j'aimerais bien continuer toucher à tout, toujours dans le domaine du dessin. Réalisatrice de film d'animation, directrice artistique, animatrice 2D, et peut-être illustratrice. Tout ça me plairait beaucoup.

SON TRAVAIL

TNF : Qu’essaies-tu de transmettre au travers de ton art ?

M : J'ai envie de transmettre des émotions, que les gens ressentent des choses. Qu'ils soient heureux, tristes,que ça leur fasse écho dans leur cœur. Ça fait très magical girl dis comme ça *uhuh* mais c'est sincèrement ce que j'aimerais. Que les gens vivent et ressentent à travers ce que je fais. Des retours que j'ai régulièrement des gens qui me suivent et mes ami.e.s, ça a l'air de porter ses fruits, et je compte bien continuer comme ça ! *moon crystal poweeeer!*

TNF : Quelles sont, dans la vie quotidienne, tes inspirations ? Comme par exemple, un certain type de paysage, une sensation que tu veux capturer… Ce genre de choses quoi !

M : La lumière. C'est tout bête mais j'adore trouver des jeux de lumière partout. J'aimerais bien réussir à faire encore plus de jeu de lumière dans mon travail.

TNF : Et dans les artistes, en as-tu qui t’inspires plus que d’autres ? Pourquoi ?

M : Ohlala j'aime beaucoup beaucoup d'artistes. Pour ne citer que mes chouchous, et je suis sûre que j'en oublie : Chloé NICOLAY, Marie SPENALE, Fran MENESES, Pénélope BAGIEU, Temmie CHANG, Zao DAO, Leyla KADDOURA, Rebecca SUGAR, Emmanuelle WALKER, Glen KEANE, Guillaume SINGELIN, Hanna K, Isadora ZEFERINO, Anthony HOLDEN, etc. La liste est longue. La grande majorité des artistes citées sont des femmes aux travaux très variés et toujours incroyable, riche. Généralement les hommes on les voit à l'école, et malheureusement on étudie bien moins les femmes malgré le nombre incroyable de femmes artistes très talentueuses. Toutes ces artistes m'inspirent dans la vie et dans mon parcours d'artiste pour me dire "oui c'est possible".

TNF : Je te connais principalement pour tes illustrations et images animées (gif) pleines de poésie et de bienveillance que je croise souvent sur Twitter. Mais je sais que tu as aussi fait des jeux vidéos, cinq en tout si je me souviens bien : quel est ton rôle lors de ces travaux ? Lequel as-tu préféré faire et pourquoi ?

M : Généralement je suis graphiste. La plupart de mes jeux, je les ai fait en Game Jam. Une Game Jam est un challenge à faire seul ou en équipe, où l'on crée un jeu vidéo dans un temps très court (en 48hgénéralement), sur un thème donné. Le rôle de "graphiste" encadre tous les visuels du jeu : illustration,décor, character design, animation etc. J'ai aussi fait des jeux seule, où je me suis occupée aussi du code et du game design.Le jeu que j'ai préféré faire c'est "Frame" (jouable en téléchargeant via ce lien :https://globalgamejam.org/2018/games/frame ). En 48h on a crée un beau bébé avec certaines contraintes, l'équipe était chouette et je n'ai eu que des retours positifs sur les visuels du jeu, ça m'a fait très plaisir. J'ai aussi été assez libre sur le style graphique du jeu, alors je me suis faite plaisir et j'ai senti que j'ai progressé lors de la game jam. J'étais hors de ma zone de confort sur le sujet et le tout m'a bien plus *rire*.

TNF : J’ai vu que tu avais commencé une série d’illustrations érotiques : qu’est ce qui t’as donné envie de faire une série sur ce thème là ? Que veux-tu montrer au travers de cette série ?

M : J'étais dans le train de retour de mon voyage à Amsterdam quand j'ai vraiment voulu concrétiser cette idée. J'avais vu divers musées sur le corps et sur l'érotisme sur place, et je me suis dis que j'avais envie de sortir de ma zone de confort. Je suis quelqu'un de pudique et la sexualité "vulgaire" ne m'intéresse pas du tout.J'ai envie de partager de la douceur et de l'amour, que ce soit de son propre corps ou celui de quelqu'un d'autre. Faire l'amour c'est chouette, et chacun.e a un rapport à l'érotisme et au corps différent. Je trouve ça intéressant à étudier.

(Cette vision me rappelle les BD érotiques de Cy pour Madmoizelle !)

TNF : As-tu déjà fait d’autres séries sur un thème précis ? Si oui, lesquelles ? Si non, quels sont les thématiques récurrentes que l’on peut trouver dans ton travail d'illustration et pourquoi ?

M : Je n'ai jamais fait de séries au thème précis auparavant, à part des croquis pour m'entraîner sur tel ou tel sujet. Je ne pense pas à avoir de sujet récurrent, j'essaie d'explorer. Généralement on peut retrouver des ambiances poétiques, et/ou mélancoliques dans mon travail. J'aime bien travailler autour de l'humain, des émotions. Tout le monde peut s'identifier à une émotion que le personnage nous ressemble ou non.

TNF : Quels sont tes projets à venir ? Par exemple, d’autres séries d’illustrations ou de jeu vidéo ?

M : En ce moment je suis sur un projet d'animation, qui ne fait qu'une dizaine de secondes mais qui est très long puisque je le fais sur mon temps libre. J'ai régulièrement des pistes d'illustrations et en ce moment des idées pour des projets bien plus ambitieux dans l'animation ehehehe. J'espère qu'ils aboutiront, je vais faire en sorte. *motivée*

TNF : J’ai vu sur Twitter que tu voulais te lancer dans des vidéos live pour montrer aux gens à quel point « c’est long de faire du dessin animé » : peux-tu nous expliquer pourquoi vouloir montrer ce processus, aux autres ?

M : Je me sens parfois illégitime de mettre tant de temps sur une animation, même si je n'ai jamais eu de reproches là-dessus. J'ai aussi envie de partager le processus de manière un peu plus intime avec ma communauté, je sais que certain.e.s seraient intéressé.e.s.

TNF : Quelles difficultés as-tu rencontré au fil de ton parcours ? Comment les as-tu surmontées ?

M : LES PROFS *rire*. Le plus dur ça a été certains professeurs lors de mon bac STD2AA qui ne croyaient vraiment pas en mes capacités. Le pire souvenir ce sont deux profs qui en face de ma mère et moi m'ont clairement rient au nez comme quoi j'étais incapable quand je disais que je voulais aller en BTS Design graphique. Aujourd'hui j'en suis diplômée, et c'est clairement pas grâce à cette phrase. Ce n'est pas ça qui m'a motivé mais les gens qui croyaient en moi et mes rêves.

TNF : Et au contraire, quelles jolies expériences as-tu eu ? Quels impacts ont-elles eu ?

M : Un des plus beaux compliments qu'on m'ai fait était une de mes collocs de chambre lors de mon voyage à Amsterdam. En voyant mon Instagram, elle m'a dit que ça lui faisait chaud au cœur de voir mes dessins et que ça la rendait heureuse. *blush en y repensant haha* C'est incroyable de voir à quel point les images peuvent toucher des gens de n'importe quel pays, même parfois au delà de la culture (elle était coréenne). J'ai aussi un ami qui a déjà pleuré sur certains de mes travaux et parfois des retours très adorables des gens qui me suivent. Cela me motive toujours plus à continuer comme ça ! ♥

TNF : Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux jeunes personnes qui veulent se lancer sur la même voie que toi ?

M : Dessinez. Personne d'autre que vous ne peut vous faire attendre votre rêve. Si vous voulez devenir un.e incroyable illustrateur/trice, faites plein de dessins, et beaucoup de dessin d'observation aussi. Si vous voulez devenir un.e super animateur/trice, analysez les mouvements, dessinez, animez, même sur papier.Faites vous plaisir et pratiquez.

SUR LE MONDE

TNF : Que penses-tu de ce que Christine Angot a dit, comme quoi l’art est un "plan B", le "résultat d’un échec » ? Est-ce le cas pour toi ?

M : Bah .. nan. Juste nan en fait. Chacun ses envies, ses rêves et ses projets, c'est tout.

TNF : As-tu des combats actuels qui te tiennent à cœur ? Pourquoi ?

M : Le féminisme, le progressisme et le bien être des animaux. Parce que je suis une femme dans une société patriarcale qui comme malheureusement beaucoup de femmes a subi des choses pas très chouettes. C'est important que la femme soit un jour autant respectée qu'un homme. Qu'on soit tou.te.s considéré.e.s comme des humains de la même espèce, et qui mérite de vivre au même titre, avec les mêmes privilèges.

TNF : Que penses-tu de l’évolution que connait actuellement l’image du corps de la femme ? Comme le bodypositive, la dénonciation du slutshamming, ... Toutes ces choses là.

M : Je trouve ça très chouette qu'on en parle plus ! Au passage je vous conseille le livre illustré de Diglee et Ovidie "Libres" qui se veut être un manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels. Je suis beaucoup plus sur internet que sur la TV et je ne lis jamais de magazines, j'espère que ça avance aussi sur les autres médias. J'ai un peu peur que cette évolution ne se fasse que d'un côté de la population qui a bien envie d'avancer, et que les autres ne fassent juste la sourde oreille. En plus les termes font parfois peur aux gens, alors que plus de mot signifie plus de culture, plus de nuances, plus de richesse. Bref, c'est important que les choses continuent d'évoluer en ce sens.C'est comme le #MeToo, plus des femmes lèvent la voix, plus on se rendre compte tou.te.s ensemble qu'on n'est pas seules et que ce n'est absolument pas normal. La sororité se développe de plus en plus,les gens ne peuvent plus se boucher les oreilles sur les faits. Pour revenir au bodypositive, slutshamming, bodyshamming etc, c'est aussi bien qu'on apprenne à ne plus faire la compétition entre nous et qu'on soit plus tolérante. Depuis toute petites on subit toutes les mêmes diktats, la petite gue-guerre aussi parfois de qui sera la plus jolie, c'est ridicule. C'est bien qu'on se mette tou.te.s ensemble face à tout ça et qu'on grandisse ensemble, qu'on s'aime ensemble les unes les autres et soit même.

TNF : J’ai vu que tu avais participé au hashtag #VisibleWomen sur Twitter, hashtag permettant aux femmes de mettre en avant leur travail : que penses-tu de ce genre d’initiatives spontanées sur les réseaux sociaux permettant aux femmes de se mettre dans la lumière, de faire entendre leur voix ?

M : C'est génial ! Personnellement j'ai déjà l'impression de suivre peut-être un peu plus de femmes que d'homme, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. J'étais éveillée aux inégalités assez tôt alors je cherche plein de femmes artistes depuis longtemps et maintenant ça me semble simple. Pourtant je découvre toujours des nouvelles artistes incroyables sous cet hashtag. Ce genre d'initiative permet de parler, solidariser, rappeler, sensibiliser, motiver etc.

TNF : En parlant de réseaux sociaux, tu utilises beaucoup Twitter et Instagram : une raison de préférences réseaux là ?

M : Avant j'étais aussi sur Facebook que j'ai depuis novembre complètement supprimé. Il ne me manque pas du tout, c'était un réseau stressant, qui se focus sur les stats et les pubs. Twitter et Instagram aussi utilise beaucoup la pub malheureusement.. mais on a quand même plus accès aux choses qu'on aime et le fonctionnement est moins stressant. J'aimerais bien que Twitter arrête aussi de me montrer ce que les autres suivent et non pas ce que je suis en priorité. J'ai aussi un Tumblr mais je ne le rappelle jamais *rire*.

TNF : As-tu une citation, une phrase (d’une célébrité ou pas) que tu aimes bien et qui te donnes du baume au cœur lors de rudes périodes ?

M : Au risque de décevoir, je n'en ai pas. A la limite le célèbre "just do it" *rire*. Quand je vais mal je pense à mes proches, à tout ce que j'ai réussi à accomplir, à ce que j'ai déjà enduré et je relativise en disant "ça va en fait, t'es super forte" ou des choses dans le genre. Puis je repense aux mots doux de mes ami.e.s qui m'encouragent même dans les coups durs ♥

TNF : As-tu quelques chose à ajouter ?

M : Le chocolat noir est important pour la santé. Mais faut vraiment pas en manger trop si vous voulez bien dormir haha. Faites en sorte que vos rêves se réalisent. Bisous ♥

Pour le mot de la fin, je remercie de tout cœur Maÿllis de m'avoir laissé l'opportunité de l’interviewer. Je suis contente d'avoir pu inaugurer cette nouvelle section d'interviews avec une fille aussi talentueuse avec qui il est toujours intéressant de causer. J'ai eu la chance de pouvoir suivre l'évolution de son travail et elle garde toujours ce style très doux et lumineux qui se perfectionne de jour en jour et je la vois relever des défis de plus en plus grands pour toujours essayer de s'améliorer et de se perfectionner et c'est remarquable.

Vous pouvez retrouver Maÿllis et son travail sur différents supports :

Son Twitter - Son Instagram - Son Tumblr - Son site Web

Et pour retrouver les jeux-vidéos sur lesquels elle a travaillé :

Ici & Ici

J'espère que ce nouveau type d'interviews vous plait ! Il y en aura d'autres à venir, sur pleins de domaines variés : photographie, illustration, création textile, peinture, ... Le but étant de vous faire connaître un peu chaque artiste et de connaître leur parcours !

On termine l'article avec un dessin de notre chère Maÿllis !

Nina

Article écrit en mai 2018, MAJ juin 2018